16 Octobre 2016
Nez: D'une grande douceur, le sherry n'est pas celui d'un vieux Glendro. il est plus souple. De la pomme se dégage, c'est crémeux. Sans être transcendant, il sait se faire désirable. Très frais, bien fruité, très moderne. Y aurait-il un zeste de citron vert?
Bouche: Belle énergie, une légère fumée. Le sherry se pare de bois, d'épices. Quelques fruits secs, comme la noix.
Finale: Et bien la finale est particulière, curieuse. Sous le lot d'épices, se cache une amertume soutenue. La pomme réapparaît sous forme de cidre. Revient la fraîcheur végétale et mentholée.
Bon et bien voilà mon premier Banff, que puis-je donc comparer? Normalement bientôt je pourrai en tester un autre, je me ferai un plaisir de partager mes impressions avec vous.
Juste pour dire, au prix de l'époque c'était un bon deal, mais pour celui que je peux imaginer aujourd'hui, à savoir probablement 300 ou 400 euros, je recommande quand même de le goûter avant.
Banff est probablement la distillerie d'Ecosse, voir du monde, qui a vu le plus le sort s'acharner sur elle tout au long de son existence.
Située dans le Moray, sur la côte de la mer du nord, à l'embouchure de la rivière Deveron. Elle salue de l'autre côté de la Banff Bay la distillerie de Macduff.
La toute première distillerie est l'oeuvre du Major James McKilligan en 1824, qui vendra son bien à la Famille Simpson, Abraham et Omer... Non je déconne.
Bien entendu à l'époque le whisky était prioritairement utilisé dans les assemblages, mais un single malt existait déjà, nommé Old Banff.
En 1863 James Simpson Jr va fermer le site original et reprendre la distillation à Inverboyndie, située plus près de la ligne de chemin de fer.
Mais il faut croire que le fantôme du Major ai vu d'un mauvais oeil ce changement sans son consentement, car c'est un peu plus tard que les déconvenues se sont accumulées.
En 1877 la distillerie part en fumée et force les Simpson à reconstruire l'ensemble. Elle est à nouveau opérationnelle six mois plus tard.
Au début des années '30, la crise force la famille à céder l'entreprise à une branche de DCL.
Toutefois elle restera fermée jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, étant utilisée par l'armée à d'autres fins.
Malheureusement dés 1941 l'aviation allemande bombarde le site, envoyant le stock valser à travers la campagne, jusque dans la rivière. La légende veut que le lendemain les vaches avaient encore la gueule de bois.
La production reprendra après la guerre, mais en 1959 une nouvelle explosion détruira la Stillhouse. Le projet de séchage du grain à la nitro est finalement abandonné.
La maison se relèvera jusqu'en 1983, où elle fermera définitivement. Propriété de Diageo, pour ce qui est du stock, car la distillerie sera détruite. Destruction durant laquelle elle prendra feu une dernière fois.
Les embouteillages officiels sont rares, mais quelques indépendants sont là pour assurer la survie, bien entendu le prix de ces bouteilles est plutôt salé.
Nous parlons de la logique britannique et bien je crois que ce qui aurait été fort logique, c'eut été de construire une caserne de pompiers à côté de la distillerie.