7 Janvier 2021
Nez : D'une infinie douceur, sur des pâtes de fruits. J'hésite entre l'aspect sirupeux, ou de la cire, probablement un peu des deux. Comme attendu, une petite aération va permettre à ce whisky de s'affirmer, aux arômes de se développer. C'est un mélange de fruits exotiques, de kiwi jaune bien mûr. Probablement y-a-t-il encore une association d'ananas, de vanille, de miel. Pas besoin de dire que j'ai envie de le goûter, car j'ai du mal à anticiper ses 57%, au regard de cette souplesse.
Bouche : Très très particulier. Je crois que c'est la première fois que je déguste un whisky comme celui-ci. La puissance est imperceptible pratiquement. Nous avons en effet sur un touché cireux, un ensemble de fruits exotiques doux, sous forme de pâtes de fruits, kiwi, ananas, poire, banane. C'est d'une douceur, ça glisse tout seul. Nous avons ensuite une touche plus boisée, mais aussi plus florale. La rétro-olfaction offre des notions de chocolat blanc ou au lait, peut-être une touche de violette. Ce n'est vraiment pas le genre de whisky à goûter sur un salon, surtout pas à la fin. Si vous le croisez, prenez le en sample et dégustez le tranquillement. Encore une peu d'orange sanguine, de zestes frais.
Finale : Assez étrangement ce n'est pas un whisky qui va vous faire lâcher un waow d'emblée. Mais clairement il va immédiatement vous plonger dans une autre époque, une autre façon d'envisager le scotch. Aujourd'hui il faut que cela explose en bouche, que ce soit intense tout du long. Ici ce n'est pas le cas et vous pourriez facilement passer à côté de l'expérience. Cette finale est sur le même ton, fruité, miellé, cireux... relativement longue.
Merci à Philippe Gosmand.
La distillerie a été fondée par le capitaine Robert Barclay en 1825.
Il semble que le site avait déjà cinq ans plus tôt accueilli une distillerie, alors propriété du Duc de Gordon, fervent défenseur de l'excise act.
Ce qui ne fut probablement pas du goût des distillateurs illicites locaux, puisqu'il est fort à parier que ceux-ci y soient pour quelque chose dans l'incendie qui détruit les installations du Duc.
Robert Barclay est décrit comme un personnage de son temps, sportif émérite, il était également un ami personnel du Roi William le quatrième.
Cette relation conduit assez logiquement à la reconnaissance de sa distillerie par la royauté et à l'ajout de la mention 'Royal', accordée à ce jour à seulement trois distilleries, Glenury Royal, Royal Brackla et Royal Lochnagar.
La production de la distillerie comme souvent à l'époque étant destinée aux assemblages, il existe peu de versions officielles. Celle-ci apparaissant sous les noms Downie, Garron ou comme chez certains embouteilleurs indépendants Dunnottar.
C'est d'ailleurs chez les embouteilleurs indépendants que la marque va le plus se développer.
Le propriétaire actuel, Diageo ayant lui même proposé Glenury Royal dans ses collections Rare Malts et Special Realeases et ce depuis le milieu des année '90.
Toujours est-il que Robert Barclay va conserver la distillerie jusqu'en 1858. C'est la famille Ritchie qui la possédera alors jusqu'en 1938, dont William Ritchie fut le premier.
À cette époque elle passera par Tain & Macintyre, dont le nom est alors à associer à Glenesk et la National Distillers of America.
En 1953 elle passera dans le portefeuille de la Distillers Company Limited, qui par un jeu de fusions deviendra Diageo.
Ce groupe continue d'embouteiller occasionnellement des fûts de Glenury Royal, bien entendu à des prix défiant toute concurrence, puisque l'édition 1968/2018 coûtait environ 6000 livres.
Dans les années '60, la distillerie va connaître une expansion, mais surtout un doublement de ses capacités de production.
Malheureusement vinrent les années '80 et le tristement célèbre whisky loch, période connue pour son effondrement du marché dû à une surproduction, durant laquelle Glenury Royal succombera.
La production sera stoppée le 31 mai 1985, la distillerie sera alors démolie afin de faire place à de nouveau logements.