19 Janvier 2021
Nez : Ce qui arrive en premier, ce sont des notes évidentes d'orange. Pour un whisky vintage, étrangement il ne demande pas une aération prolongée, les arômes sont rapidement présents et relativement intenses. Il y a une parfaite association entre les fruits rouges charnus et les fruits secs bien huileux. Noisettes, amandes, pruneaux, petits abricots secs. Il y a ce styles gummies qui va s'accentuer, très fruité. Avec l'ouverture nous avons un genre de lait au miel
Bouche : Cette bouche possède cette même touche huileuse issue des fruits secs, ce même aspect charnu des fruits rouges. C'est ensuite de l'orange qui fait son retour, avec une très fine amertume. Quelle richesse, tout en conservant une ligne de conduite précise, au cordeau. C'est ensuite un apport caramélisé, mais avec en contre partie des notes plus sèches, plus terreuses, un genre de tourbe sèche, feuilles de thé. La puissance est complètement invisible, c'est vraiment un beau whisky, finalement très actuel dans le genre, bien que je n'ai pas dégusté les versions plus récentes de la distillerie.
Finale : Je dirais qu'à cette étape, nous sommes plutôt sur un genre de pâtisserie aux amandes, légèrement caramélisée. La texture se fait plus laiteuse, avec toujours une face différente. Ici un peu de bois, de tabac, de cuir sec.
Cette distillerie située dans l’ouest des Highlands, au pied du point culminant du Royaume Uni auquel elle emprunte son nom, dont le sommet se situe à 1345 mètres, a reçu sa licence en 1825 ce qui en fait l’une des plus anciennes dans le cas.
Elle longe la rivière Lochy, qui voit passer les bateaux de Fort William à Inverness, en passant par le Loch Ness.
Ce canal Calédonien qui accueille les célèbres escaliers de Neptune, composés de huit écluses successives, où la Reine Victoria ne s’amusa pas selon sa réponse devenue légende à la question qui lui fut posée durant son escalade, « Comment allez-vous ? ».
La distillerie est quelque peu esseulée depuis 1983 et la fermeture de sa voisine Glenlochy.
Son créateur était John MacDonald, connu sous le nom de Long John. Il laissera le fruit de son travail à son fils Peter, à sa mort en 1856.
Profitant de l’extraordinaire demande de whisky, surtout dans les assemblages, de la seconde moitié du 19ème siècle, Peter MacDonald construira une distillerie sœur baptisée Nevis en 1878.
Le succès était tellement au rendez-vous que l’entreprise était le plus grand employeur de la région.
Malheureusement le début du 20ème siècle allait débuter de la plus mauvaise des manières.
Dés 1908 Nevis cessa ses activités et malgré cela les choses allaient rester compliquées pour la distillerie d’origine, qui ne fonctionnera que par périodes jusqu’au début de la seconde guerre.
En 1941 le canadien Joseph Hobbs en fera l’acquisition, bien qu’elle fut fermée durant la guerre.
Il y installera en 1955 un alambic de type Coffey, afin de produire un assemblage maison de whiskies de malt et de grain.
Cette pratique courra jusqu’en 1971, sept ans après la disparition de Joseph Hobbs. Ce qui a pour conséquence que si vous trouvez ce genre de bouteille signée Ben Nevis, elle ne peut avoir été produite que durant cette période.
En 1978, il y eu une nouvelle fermeture.
Elle sera réanimée en 1981 par le brasseur Whitbread et sa division whisky, Long John International, tiens donc !
Remise à neuf, elle ne produira plus que du single malt, ce qui ne lui permit pas de décoller, à tel point qu’une fermeture nouvelle eut lieu dès 1986, avec une réelle remise en question de son possible redémarrage ou une condamnation définitive.
Trois ans, ce fut le temps du doute, jusqu’à ce que celui-ci fut levé par le groupe japonais Nikka, qui en fera l’acquisition.
Bien entendu il produira du whisky à destination du Japon sous sa forme la plus simple, mais aussi des assemblages sous son propre label, ce qui reste plutôt rare, tels que Glencoe 8 ans et Dew of Ben Nevis.
Il y aura une version de blend âgée de 40 ans en 2002, ainsi qu’une version hommage de 25 ans, à Monsieur Taketsuru, fondateur de Nikka, parue en 2015, pour ne citer que celles-là.
Un centre des visiteurs sera créé en 1991 et la maison mère Asahi en est toujours l’heureuse propriétaire aujourd’hui.
L’utilisation d’une levure de bière semble toujours d’actualité, plus faible en rendement qu’une levure de distillateur, elle contribue avec sa fermentation lente et son vieillissement dans de beaux fûts de sherry à donner son caractère riche et intense à la production.
Sa capacité est de 1,5 million de litres d’alcool pur par ans et depuis la seconde moitié des années ’90 compte sur sa version standard âgée de dix ans, ainsi que sur sa petite bouteille trapue, au fond cousine des embouteillages Nikka, pour se forger une place de choix dans les bars des amateurs éclairés de ce divin nectar, sans que n’interviennent dans le processus de conception autre chose que les trois éléments fondateurs, l’eau, l’orge et la levure et un quatrième, le goût des choses bien faites.