12 Octobre 2016
La qualité propre à Clynelish, c'est à dire son caractère fruité, minéral et surtout cireux, n'est pas dû au hasard.
Car au delà de son histoire, de sa filiation à la mythique Brora, c'est avant tout un whisky technique.
Ce qui produit sa spécificité, ce sont d'abord des alambics spirit plus grands que les wash.
C'est aussi la conservation de ses huiles essentielles réinjectées dans ses alambics à repasse après la saison de calme, qui si elles étaient supprimées feraient disparaître avec elles ce fameux style cireux.
Fondée en 1819 par le Duc de Sutherland, propriétaire de plusieurs entreprises et industries dans le fief de Brora, qui avait saisi le sens de la réussite en payant ses ouvriers avec une monnaie ne pouvant être échangée que dans les magasins de sa propre chaîne.
Ne riez pas nous y arriverons peut-être un jour aussi, je ne voudrais pas faire mon syndicaliste mais bon...
Toujours est-il qu'après plusieurs changements de propriétaires comme bien souvent, DCL rachète la maison.
L'histoire moderne est relativement commune, mais elle a tutoyer les anges en ce sens qu'elle vit écrire le destin de Brora et celui-ci devait être funeste.
En effet en 1968 le groupe souhaite augmenter sa production et construit une Clynelish B munie de six alambics.
Clynelish A fut mise en sommeil rapidement, durant une année.
En 1969 la distillerie ancienne est sortie de ses songes afin de produire un whisky aux accents tourbés à des fins d'assemblages, ironie du sort celle qui est alors rebaptisée Brora pour l'occasion, va en ce début de 21ème siècle s'arracher à prix d'or sous la forme de single malt, le simple fait de prononcer son nom éveillant une curiosité sans limite chez les amateurs.
En réalité elle n'est là que pour combler le vide, le manque de production de whisky tourbé sur Islay qui est en souffrance.
Caol Ila reconstruite, qui est devenue une usine à produire du whisky il faut le dire, un whisky qui sait se faire apprécier là n'est pas la question, Brora va à partir de 1973 produire un malt de moins en moins tourbé et visiblement devenu de moins en moins indispensable à celui qui devenait lentement Diageo.
Alors comme bien d'autres regrettées, en 1983 elle cesse totalement de vivre.
Serait-elle devenue si mythique si son destin n'avait été aussi cruel? Personne ne pourra le dire.
Clynelish est et reste néanmoins une référence, il m'arrive souvent de recommander sa version âgée de 14Y aux débutants, ou à ceux qui ne la connaissent pas (Ils sont rares).
Il compte pour le groupe qui l'utilise pour ses blends, mais aussi pour quelques assembleurs indépendants, je pense à John Glaser et Compass Box.
Diageo avait par ailleurs prévu de gros investissements en 2014, ceux-ci sont reportés.
Nez: Très homogène, sirop de pêche et caramel légèrement sucré. Une fraîcheur citronnée et plus globalement d'agrumes. Vanille et miel bien entendu.
Bouche: La cire est plus qu'évidente elle se dépose sur les lèvres. Notes citronnées sur fond de vanille et de miel. Une fumée légère, de l'orange. La puissance est juste bien. Le bois se signale en fin de bouche.
Finale: La cire recouvre le palais. La sécheresse est très légère et répond à quelques fruits cités plus avant.
C'est agréable, avec de la consistance.
Sans tout défoncer sur son passage, il n'a aucun défaut et se déguster avec grand plaisir.
Merci à Koen Philips.