24 Octobre 2019
Japanese Whisky
Kaiyó est un Tea Spoon, une marque de whisky produite sur base d'un single malt japonais, mélangé avec une faible quantité d'un autre whisky également single malt et japonais.
Toutefois il n'est fait mention nulle part de single malt sur la bouteille, ni de whisky 100% japonais.
Il semblerait que ce soit un ancien de chez White Oak, Mr Watanabe qui dirige cette collection.
Celle-ci possède deux grandes particularités.
Premièrement, ce whisky passera la totalité, ou une période (Cela n'est pas très clairement décrit), dans des fûts de chêne Mizunara.
Un bois rare, plutôt destiné à l'origine à produire du mobilier luxueux que des tonneaux.
À mon sens il faut plutôt miser sur un transfert réalisé par Kaiyó dans ces fûts.
En effet, alors qu'il est désormais reconnu comme l'un des meilleurs type de chêne, celui-ci n'est pas simple à travailler.
Il ne pousse pas de manière très régulière, plutôt courbé que droit et surtout possède une croissance très lente.
Un chêne de ce genre doit atteindre près de 200 ans avant de pouvoir être employé dans l'industrie du whisky.
C'est aussi un bois fragile, très humide et pas particulièrement étanche.
Les fûts sont donc travaillés à la main uniquement, au siège de la très réputée tonnellerie Ariake de Kyoto.
Son prix est dès lors estimé en moyenne à dix fois celui d'un fût européen ou américain.
C'est dit-on le manque d'approvisionnement durant la seconde guerre qui conduira les japonais à se tourner vers cette variété locale.
Il ne sera d'ailleurs à l'origine que très peu apprécié, transmettant au whisky des notes bien trop boisées et épicées.
L'expérience démontrera que cela était dû à une période de maturation trop courte.
Sa teneur élevée en composés organiques de type Lactones, va donner au whisky ses arômes puissants de fruits mûrs, de fruits secs ou encore de coco ou de bois de santal.
La seconde particularité est que ce whisky va voyager en fût durant près de trois mois en mer, avant de rejoindre votre bar.
Il sera alors ballotté sans cesse et surtout subira de grandes variations de températures principalement.
La distillerie semble d'ailleurs convaincue que cette période influe de manière significative sur le produit final.
Son embouteillage sera réalisé en Angleterre par H&A Prestige Bottling Ltd. à Chorley, au nord de Liverpool et probablement distribué à partir de là partout dans le monde.
Voici donc une découverte pour moi, avec ces trois versions de Kaiyó, dont l'origine et la conception restent obscures, mais rien ne vaut le jugement du palais.
Merci à Bert pour le coup de pouce.
Nez : Fruité et boisé. Son milieu naturel semble être le sous bois, avec de la mousse, du bois humide, peut-être quelques champignons. Il y a de ce style propre aux whiskies japonais actuels. Malt gras et sucré. Plus de fraîcheur avec l'ouverture, chlorophylle délicate qui va grandissante, c'est très agréable. Ce nez simple et efficace demandera de la patience et de la concentration. Caramel laiteux.
Bouche : Crémeuse, sur de la châtaigne. C'est doux et j'ai le sentiment que la puissance est mesurée en fonction de sa relative jeunesse, bien vu selon moi. Si du miel et de la vanille se tracent un chemin, ce sont pour moi à nouveau des influences forestières qui dominent. Nous avons ici de l'eucalyptus plus autoritaire.
Finale : Cela se termine avec toujours ce côté végétal rigide, eucalyptus bien entendu. Mais il y a de la douceur avec du caramel au lait, même si des notes boisées et épicées viennent en opposition. En bref, pas inintéressant, dans un style déconcertant. Lorsque vous restez un moment sur les scotchs, c'est un changement de décor complet.
Nez : La fumée semble subtile dans un premier temps, passant par un bain de genévrier. Elle va progresser, avec cette sécheresse des végétaux, de la jeunesse dans la céréale. C'est pas mal fait et bien que plus délicat, il y a une ressemblance avec ce qui se fait dans certaines distilleries des Hébrides.
Bouche : C'est beau, juste comme il faut sur le dosage de tourbe, mais aussi d'alcool, pour que ce soit directement agréable et lisible. La jeunesse semble quelque peu gommée, même si elle me semble toujours d'actualité. Il y a un effet sucre d'orge aux fruits, ananas, citron doux. Par moment elle fait un écart sur un genre de carton humide, ce qui fait un peu moins mes affaires, sans être la catastrophe. La texture est bien huileuse.
Finale : Fruits secs, céréales. Présence sympa de toffee, sur une mousse de café crème. Longueur sur une fumée moyenne, citron doux.
Nez : S'il est clairement de la même famille que l'édition à 43%, il y a ici nettement plus de concentration en arômes. Il me semble, je ne sais pas si cela est logique, mieux construit, plus stable. Le menthol s'exprime, c'est très propre, très carré. Je retrouve moins cet aspect malté et moins encore les sous bois. Du sucre d'orge m'oriente sur la zone florale de la roue des arômes. C'est bien, il y a encore du miel, des fruits secs, mais encore une fois, bienvenu au Japon, il n'a pas grand chose de commun avec un écossais.
Bouche : Impressionnant comme les 53% ne se détectent pas au radar. Caramel dans la densité, sucre d'orge et notes florales toujours. Sa texture est bien laiteuse, il y a de la matière c'est évident. Il y a des choses curieuses, sur les petits fruits noirs, c'est un peu sirupeux, pâtes de fruits. Encore une fois, il faudra de la patience et un esprit en éveil pour tout distinguer. Épices poivrées, genévrier à la limite.
Finale : Bois de sureau, ensuite ses fruits. S'assèche, avec une longueur sur les épices poivrées. Je suis à l'issue de cette découverte, bousculé, étonné, c'est je crois ce qu'il faut attendre de whiskies dont l'origine diffère de ce que l'on considère sous nos latitudes, comme étant le berceau originel du whisky...