5 Octobre 2020
Il semble que depuis son rachat par Brown-Forman, BenRiach "The Heart of Speyside" pour les intimes, ait la volonté de restructurer sa gamme, tout en conservant sa diversité, sa complexité... exercice au combien compliqué !
Pour cela elle marquera d'abord le coup avec une nouvelle/ancienne forme de bouteille, puisqu'elle s'inspire largement du premier single malt officiel datant de 1994.
Parlons d'abord de l'édition 10Y, qui est actuellement l'entrée de gamme de la distillerie, puisqu'il n'existe pour le moment plus de NAS.
Précisons que nous avons eu l'occasion de découvrir ces whiskies lors d'un tasting virtuel organisé par The Nectar avec pour maîtres de cérémonie messieurs Douglas Cook et Stewart Buchanan.
La prochaine fois nous aborderons les éditions 12Y, produites sur un principe similaire.
Ces versions appartiennent à la série "Core Range" qui est composée d'un whisky non tourbé ainsi qu'un whisky tourbé, le dix ans étant un peu l'héritier du célèbre Curiositas, qui connu un beau succès durant sa carrière si je peux dire.
La distinction se fera aisément, puisque le tube du premier sera légèrement bleuté, tandis que le second sera légèrement grisé.
"Original Ten" est issu d'une triple maturation, fûts de bourbon, de sherry mais aussi neufs et embouteillé à 43%.
De ce qu'il me reste de souvenir de l'ancienne version 10Y, je trouve cette nouvelle édition plus riche au nez. L'aspect fruité et miellé est vraiment très concentré. Pomme, poire, pêche blanche comme attendu, quelques fruits secs, tout va bien.
Un daily dram dans toute sa splendeur. C'est en bouche vraiment doux et pourtant cette concentration des arômes reste vraiment d'actualité. Le whisky qui se laisse boire sans aucune entrave. Les fruits du verger sont délicieux et juteux, enrobés de miel.
Je m'interrogeais sur la réduction à 43%, mais il y a de la matière, c'est bien sirupeux, avec des notions de fruits à noyaux, pêche.
La finale est relativement longue, avec ici plus de vanille, un peu plus de sécheresse également. Pomme principalement.
Durant les années '70, BenRiach sera la première distillerie située dans le Speyside à rompre avec la tradition, en proposant une version tourbée, grâce à une tourbe issue des Highlands.
Depuis, presque toutes les autres lui ont emboîté le pas et de son côté BenRiach a simplement poursuivi son chemin.
Pour cette édition, la master blender Rachel Barrie a également employé trois types de fûts, bourbon, rum jamaïcain et fûts neufs toastés.
Afin de maîtriser le taux de ppm, qui est d'environ 45 au moment du séchage, ce whisky sera toujours composé d'une part tourbée et d'une part non tourbée. Une technique largement employée, y compris sur Islay.
À la différence de l'Original Ten, celui-ci sera embouteillé à 46%.
Si ce nez est bien fumé, comme l'était celui de son prédécesseur Curiositas, les similarités semblent s'arrêter là, la cause probable, le fût de rum jamaïcain. Sans avoir des déferlantes d'esters, l'impact de la mélasse est évident. Il y a toujours du fruit et le miel semble plus intense. J'imagine des notes de banane caramélisée, de la pomme au four.
En bouche c'est le même constat, cette tourbe portant sur la suie épaisse, nécessairement un peu plus d'intensité, mais un équilibre parfait. Toujours ces fruits cuits, caramélisés, la mélasse.
Longue finale sur le bois brûlé, notions de réglisse. Une mélasse qui sera présente jusqu'à la fin, sans être déstabilisante.