2 Novembre 2016
L'origine de la distillerie est plus qu'obscure, ce qui convient bien à la mythologie du whisky, ici cela fait presque partie du goût du liquide.
La légende raconte que le premier distillateur des Orcades était le prêtre et contrebandier Magnus Eunson, pourquoi pas après tout ?
Il est en lutte avec David Robertson, ces deux vécurent dans cette période de la fin du 18ème siècle.
Son nom même fut peut-être Kirkwall à l'origine...
Toujours est-il que Highland Park sera rendue légale en 1826 par Robert Borwick.
La famille conservera le bien jusqu'en 1869 date à laquelle le second fils de Robert tentera de le vendre.
Ce qui fut fait en 1870, William Stuart, également propriétaire de Miltonduff à l'époque, l'achète.
Une quinzaine d'années plus tard, il s'associe avec James Grant, directeur de Glenlivet.
Grant va prendre le monopole dix ans après et va investir dans le développement de la distillerie, en passant de deux à quatre alambics.
En 1937 elle va être rachetée par Highland Distillers, c'est là que les destins croisés prennent lentement forme dans ma petite cervelle.
Highland Distillers est désormais dans le portefeuille de Edrington Group.
Depuis 2013 la marque est très présente sur le segment des éditions spéciales.
Elle produit des NAS en masse héhé! La gamme Valhalla, avec Thor, Odin, Loki, Freya, inspirée bien entendu des dieux nordiques, étant donné l'histoire associée des Vikings et des Orcades. Voilà qui me fera un sujet pour la prochaine fois.
Ensuite vient la large gamme The Warrior Series, avec Ragnvald, Svein, Thorfin... et autres édition limitées.
Highland Park depuis 2004 est revenue à l'utilisation de fûts de sherry, ce qui a fait jadis sa renommée.
20% de l'orge est également tourbé, une tourbe qui se différencie de celle des Hébrides par exemple, qui est composée essentiellement de végétaux marins.
Celle des Orcades est plutôt composée de bruyère, de mousse, ce qui se ressent jusque dans le produit fini et donne le change au caractère fruité que confèrent les fûts.
Passé, présent.
Voici le comparatif de la célèbre et très répandue version âgée de 12Y.
Nez : Crème caramel, influence légère mais perceptible du sherry. Très légère fumée. Orange et zeste, ce qui est très appréciable. C'est doux, plutôt fin. Miel toutes fleurs.
Bouche : Malt, orange toujours. C'est doux, sur le miel et la vanille. Sèche et boisée.
Finale : Un peu sèche et amer, bonne tenue. De la pomme. Des épices douces.
Nez : Rien à voir avec la version actuelle. Le sherry a un réel impact, du bois, un côté plus dirty. Gras, fruité, chocolaté. Le miel est plus puissant et l'orange légèrement confite. Tabac.
Bouche : Très grasse, beaucoup d'orange sucrée, mandarine même. Chocolat, tanins, une légère acidité. C'est à peu près tout, mais c'est concentré.
Finale : Très sèche, écorces d'orange à profusion. Amertume puissante, boisée et épicée.
Comparaison du nez. Ce que gagne en finesse la version moderne,elle le perd en intensité. Je préfère l'ancienne version, moins complaisante.
Comparaison de la bouche. La version moderne est facile à aborder, plutôt "complexe" pour cette âge. La version plus ancienne à plus de corps et peut-être est elle plus directe. Cette dernière me parle plus.
Comparaison de la finale. Encore une fois la version moderne je crois passera bien plus facilement auprès d'un grand nombre, car elle est moins tranchante. Pour ce qui est de l'ancienne, je crains que cette amertume en laisse quelques'uns sur le bord de la route, moi ça me va.
Conclusion : Pas simple d'être catégorique, l'expérience est très intéressante. Pour mon goût personnel je trouve l'ancienne version plus copieuse. Pour faire simple si elle était le standard actuel, j'en aurais toujours dans mon bar, ce n'est pas le cas de la nouvelle édition.