2 Juillet 2024
Le Passeur, c'est l'histoire d'un mec...
Un mec qui partage la même passion et il faut bien le dire, comme petit embouteilleur indépendant...la même folie que mon ami Didier et moi.
À la recherche d'un accès au marché belge (Avis aux importateurs nationaux), il m'a envoyé un mail, puis nous avons discuté en live et puis et puis la sympathie s'est très vite installée.
J'ai eu l'occasion de tester ses jus, produits dans la plus pure tradition, sélectionnés et surtout respectés dans leur authenticité, franchement il serait dommage pour les gourmands que nous sommes, de nous priver de ça.
Pour le présenter, le plus simple est de lire le contenu de sa page, le lien du site est tout en bas.
En attendant, voici mes notes de dégust.
La Moulie 21Y
Parfum de sucre brun caramélisé. Fruits confits, abricot, miel, dattes.
Bouche dans le même esprit, mais avec du bois de santal, qui va offrir plus d'épices poivrées, pimentées.
Persistance des épices, du bois. Longue finale.
Pour comprendre la genèse du PASSEUR il faut faire un petit bond en arrière.
Jusque dans les années 50/60, et l’avènement de l’agriculture française planifiée de reconstruction post seconde guerre mondiale (mécanisation, monoculture, engrais chimiques…), la Gascogne était une terre de bocage, au sein de laquelle les fermes pratiquaient la polyculture : élevage, céréales, un peu de maraîchage et bien sûr de la vigne.
Les paysans gascons se servaient de l’Armagnac comme ils se servent du Crédit Agricole aujourd’hui : c’était leur banque. Les années fastes, où les récoltes étaient abondantes, ils gardaient leur raisin et leur vin pour distiller de l’Armagnac et le mettaient à vieillir dans le chai afin de pouvoir, les années de disette, puiser dans leur stock et en revendre une partie pour compenser les récoltes mauvaises. Le fameux bon sens paysan dans toute sa splendeur allié à la souplesse et à la résilience de la polyculture."
Pébérère 1988
Nez super gourmand. Très semblable à certains rhums guadeloupéens.
Sucre brun. Il nous plonge dans la gourmandise absolue. Texture beurrée.
Bouche plus transversale, avec toujours cet apport de sucre brun, vanille, mais avec du bois, des épices plus présentes.
Belle puissance, qui fonctionne bien, du fait d'un âge plus avancé, apaisé.
Finale sur le poivre, la muscade, santal.
"La Moulie est une ferme traditionnelle gasconne en polyculture : maraîchage, céréales, vignes (8 ha).
Michel et Mado viennent de prendre leur retraite de leur vie de paysan. Dans les années 70 ils avaient repris la ferme des parents de Michel, qui l’avaient eux-même héritée de leurs parents. C’est maintenant leur fils Fabrice qui conduit la ferme."
La Moulie 1995
Au nez beaucoup plus minéral, avec de la cire, pas loin de certains rhums à esters.
Discret, élégant, plus aérien.
En bouche c'est une texture cireuse qui se confirme, avec beaucoup de bois, de la vanille et des épices poivrées.
Un peu de sucre brun.
Fin de bouche sur les amandes, brioche, vanille et une dose moins forte d'épices, de bois.
Confiserie, fruits rouges, cerise.
Le modèle économique de la campagne gasconne a évolué. Parmi ces producteurs d’Armagnac ceux qui ont choisi d’en faire leur activité principale se sont structurés, ont équipé leur chai en conséquence pour avoir la maîtrise de toute la chaîne de production (mise en bouteille, étiquetage, conditionnement, débouchés commerciaux, communication…) afin de pouvoir proposer un produit commercialisable dans le système de distribution actuel.
Mais pour les autres, ceux dont ce n’est pas le coeur de métier, ou ceux dont les Armagnacs proviennent des générations précédentes, il est difficile de pouvoir continuer à porter leur stock, quand bien même il recèlerait des pépites.
C’est là qu’intervient LE PASSEUR."
"Les armagnacs de La Moulie ont une aromatique très nette, droite et franche. Une ambiance aromatique qui pourrait se rapprocher du cognac avec la finesse de l'Ugni-Blanc, un vieillissement en vieilles barriques qui ont peu marqué ces armagnacs en bois, et un élevage en chai sec qui maintient un bon degré d'alcool. "
La Moulie 1986
Nez équilibré entre épices, bois et gourmandise caramélisée, cardamome qui confère de la fraîcheur.
Me semble t-il plutôt atypique, j'aime beaucoup.
La bouche va tout donner dans le bois, le poivre, la muscade. L'aspect caramélisé sera en toile de fond.
Toujours cette présence de cardamome, voire même un peu végétale, qui confirme son style si particulier.
Massepain. Très longue en finale.
St Martin 1992
Nez sur les fruits cuits, caramélisé, un peu fermé. À aérer probablement.
Un peu sur le seigle, crème brûlée.
Bouche sur la châtaigne, miel brun, très huileuse. Alcool très bien intégré.
Sensation très apaisée, vraiment élégant.
Très peu épicée sur la fin, longue et douce.
Il chine, goûte, source les barriques de ces chais reculés, et sélectionne, conjointement avec les producteurs, celles qui ont le plus à dire. Celles qui disent le goût de l’Armagnac et toute sa richesse aromatique, celles qui transmettent l’histoire de la propriété, celles qui racontent le terroir et la vigne.
Avec son vaisseau mobile d’embouteilleur militant, LE PASSEUR vient embouteiller, étiqueter, etc... directement sur les propriétés, et permet ainsi aux producteurs de valoriser leur stock en direct, tout en les déchargeant des contraintes logistiques auxquelles ils ne peuvent faire face.
A l’autre bout de la chaîne, LE PASSEUR permet à des passionnés de spiritueux d’avoir accès à ces Armagnacs uniques, pleins et entiers, jamais goûtés, qui restaient jusque là inaccessibles.
C’est un passeur de jus.
LE PASSEUR est au plus près de sa matière première, il embouteille des fûts uniques (single casks), sans réduction alcoolique, sans ajout de sucre ou de colorant, et sans filtration à froid."
Pébérère 1973
Au nez j'ai encore des références de rhums des caraïbes. Tantôt inspiré par les très vieux rhums agricoles, tantôt par les mélasses de type britanniques. Sucre brun, fruits mûrs.
En bouche, bien que les épices trahissent des origines autres, cela reste très confondant de ressemblance. Très doux bien entendu, du fait de sa réduction, avec des arômes très fondus, du fait certainement de son âge. On retrouve cette association de caramel, d'épices, de muscade, le tout légèrement végétal et fruité.
Je retrouve sur la fin ce style un peu mentholé, chlorophylle des vieux rhums, c'est vraiment surprenant.
Le Passeur, c'est avant tout une occasion unique de pouvoir déguster des spiritueux qui n'auraient probablement jamais été disponibles autrement. Le Passeur ouvre des portes qui d'ordinaire restent fermées aux visiteurs.