8 Juillet 2021
Nez : Un nez parfaitement gras, beurré, avec ces notes de malt bien sucrée. C'est exactement ce à quoi il faut s'attendre avec ce genre de whisky, proposé en mode first fill de bourbon. Il y a un beau twist entre l'aspect acidulé des agrumes, une présence salée et un apport plus minéral. J'apprécie aussi cette touche plus végétale. La fumée bien entendu, j'oublierais presque d'en parler tant elle fait partie de l'ensemble et espérons le de ce qui deviendra l'ADN de la distillerie.
Bouche : C'est léger oui, mais la première chose qui vient, c'est une tourbe largement inspirée par le camphre, elle dispose bien de toute la bouche. Je ne parlerais pas de puissance de la tourbe, mais plutôt de générosité. Ensuite reviennent peu à peu le sel, les notes d'agrumes. Avec tout ça, il faut un peu creuser pour lui trouver toute la rondeur du nez, mais il en reste. Il y a encore ces végétaux, un peu macérés, assurément sur les plantes aromatiques. Franchement c'est sympa et probablement que le grand frère qui réside sur la même île aura à qui parler dans les années qui viennent.
Finale : Ce qui se démarque, les agrumes, les herbes et une fumée plus typée suie. Je retrouve sur la fin cannelle et poivre. Relativement longue, avec le retour du camphre. Conclusion, pour son prix de sortie c'était l'occasion de tester un premier whisky d'une nouvelle distillerie qui montre ici de belles choses à confirmer.
La première édition signée Torabhaig est, ou a été dans les bacs en ce début d'année et le moins que l'on puisse dire est que malgré ses 32.000 bouteilles, il y a eu une certaine pression pour en obtenir.
Ne nous en cachons pas, le pire est survenu, comme ça en devient l'habitude, dès les premières livraisons le marché parallèle a pris le relais.
Torabhaig est la seconde distillerie de l'île de Skye.
Bien qu'achevée en début d'année 2017, le projet vient de très loin. Il avait initialement germé dans l'esprit de Sir Iain Noble, fondateur de la banque commerciale Noble Grossart.
Celui-ci est arrivé sur l'île au début des années '70 et c'est à cette période qu'il va se lancer dans une activité d'embouteilleur et assembleur, avec la marque Pràban na Linne.
Son autre projet étant de reconstruire une ferme classée, vieille de deux siècles, afin de la convertir en distillerie.
Le projet de construction reçoit un avis positif en 2002, mais malheureusement Sir Noble décède huit ans plus tard, sans avoir vu ses rêves prendre forme.
Si la ferme reste encore fantomatique jusqu'en 2013, avec environ soixante années d'abandon total, une autre société qui avait pour projet de construire sur l'île vint reprendre le flambeau.
Il s'agit de Mossburn Distillers, issue du groupe Marussia.
Bien entendu le groupe profitera du fait de pouvoir attaquer la rénovation rapidement, un permis en poche, mais la tâche n'en sera pas simplifiée.
En effet un bâtiment classé ne permet pas n'importe quel type de travaux et elle en fera l'expérience lorsqu'il fallut faire entrer les alambics et autres washbacks.
Tout cela ne passant pas par la porte, sera incrusté via la toiture, qui aujourd'hui a été posée sur une structure amovible, au cas ou...
Pour donner quelques dates, citons juillet 2014 pour le début des travaux, janvier 2016 pour la construction d'un bassin de refroidissement sur l'emplacement d'un ancien bâtiment datant du milieu du vingtième siècle.
En février de la même année, les alambics de chez Forsyths sont livrés et installés par les chaudronniers, ainsi que les huit washbacks de 8000 litres en bois, le moulin et tout ce qui va avec.
En novembre, pose du toit et arrivée des premiers fûts de bourbon et de sherry.
Mi janvier 2017 le maître distillateur Chris Anderson va réaliser les premiers essais.
Un peu plus tard le premier moût sera placé en fermentation, une fermentation plutôt longue d'ailleurs, 90 heures et la première goutte d'alcool traversera le col de cygne le 31 janvier.
La volonté de Torabhaig est bien entendu de produire son single malt et de le commercialiser sous son nom, mais aussi de l'employer en tant que partenaire de ses assemblages.
Il sera tourbé à hauteur de 50ppm, sur base d'orge de la variété Concerto.
L'intention est de produire 500.000 litres d'alcool pur par an, grâce à un wash-still de 8000 litres et un spirit-still de 5000 litres.
Enfin notons que la distillerie possède son centre d'accueil, qui offre une vue magnifique sur la péninsule de Knoydart, ainsi que le château de Knock.
Il aurait dû y avoir pour accompagner cet article quelques belles photos de la distillerie, mais j'attends toujours. Raison pour laquelle je publie ma note aujourd'hui seulement, alors que j'ai ce whisky depuis des mois.