16 Mars 2020
Nez : Si des fruits confits se déclarent, avec un style liqueur de prunes, ce sont des épices qui viennent assez rapidement sur le devant de la scène. Cannelle, une touche un peu cola que je définirais comme de la cardamone, du poivre. Ensuite vient du bois, du caramel, de la mangue déshydratée. Tout ça est bien fait, cohérent, doux et encore en possession d'une certaine fraîcheur. L'ouverture va lui conférer un très beau parfum de crème brûlée à la vanille.
Bouche : Tout comme pour le nez, j'ai d'abord une sensation fruitée et sucrée, mangue, sucre de canne, pruneaux. Ensuite des épices, identiques que précédemment. Toute en rondeur, en souplesse et franchement presque trop pour moi, mais ce n'est que mon avis. J'ai un retour un peu trop confiserie, réglisse liquide. Vient ensuite le bois, avec un petit côté marc de café. Le jus de canne est bien perceptible, très crémeux, une touche de vanille.
Finale : Longue sur ces épices, avec en tête la cardamone. Il y a un peu de jus de bois, mais le jus de canne réduit, macéré je ne sais trop comment décrire ça, est intense. La réglisse reste et si elle conserve ce style liquide, je la trouve plus abordable.
En conclusion, une belle découverte et une chance de pouvoir tester ce genre de produit qui demande un beau petit budget, merci pour cela à Bernard Demiautte.
Un rhum d'une belle complexité, tout en rondeur, vraiment destiné aux amoureux du style.
Par contre si comme moi vous aimez les choses un peu plus trash issues de la tradition britannique, il faudra passer votre chemin, mais encore une fois ce n'est que mon avis.
La Favorite fut construite sur les bases d’une sucrerie, alors baptisée Les Jambettes, datant de 1842.
C’est Henry Dormoy qui en fait l’acquisition, à l’occasion d’une vente aux enchères en 1909, son nom étant alors depuis un peu moins de soixante ans devenu l’actuel.
Assez rapidement le nouveau propriétaire mettra un terme à la production de sucre, pour se consacrer à celle de rhum, s’équipant d’un matériel de distillation entièrement neuf.
Suivant les grandes tendances, ou étant d’un naturel versatile, il fera chemin inverse, en réintroduisant l’activité sucrière en 1924.
Mais une concurrence trop rude, opposée par des sucreries bien plus massives, ne permit pas le développement de cette activité, relancée au détriment de la distillation.
N’ayant jamais finalement connu la gloire avec La Favorite, Henry Dormoy décède en 1938, laissant à ses fils le soin de faire prospérer l’affaire familiale.
C’est d’abord Albert Dormoy qui sera placé dans le siège du patron, un siège qu’il laissera ensuite à André Dormoy. Le premier étant reconnu comme en proie aux jeux de hasard.
Ce sont les concurrents sucriers qui aideront le nouveau directeur à rénover la distillerie, suite à un accord conclu qui durera jusqu’en 1956.
L’année suivante l’activité reprend sur le site, voyant la production progressivement augmenter au fil des années.
Dans les années ’70 elle reprendra le rhum de la marque Courville alors en faillite et dans les années ’80 rachètera Saint-Etienne, faisant de La Favorite un des grands acteurs de l’île dans la discipline.
Toutefois cette progression fut de courte durée. Le matériel de Saint-Etienne sera cédé à Le Simon.
Une partie des cultures, dont il reste 60 hectares, sera également vendue.
Aujourd’hui la distillerie fonctionne toujours de façon familiale, il en reste peu dans le domaine et utilise en complément de sa production de canne, celle des cultivateurs locaux.
Elle fait fonctionner deux colonnes créoles, l’une totalement en cuivre datant du nouveau départ en 1957, l’autre essentiellement en acier de la période d’expansion, en 1986.
La fermentation se déroule sur deux à trois jours, le rhum est ensuite distillé à environ 70%.
Outre le blanc classique Cœur de Canne, La Favorite propose des versions monovariétales, comme La Digue, ou Rivière Bel Air.
Les rhums ambrés ou vieux, souvent plébiscités par les amateurs, se déclinent en cuvées, voir en millésimes. Citons La Flibuste, ou la cuvée Privilège par exemple.