12 Avril 2019
Cela fait longtemps que j'ai à goûter ce rhum, mais comme je ne possède sur lui aucune information, ni sur sa composition, ni sur son origine, ni sur le type de maturation, je me demandais ce que je pourrais raconter de plus.
Nous vivrons donc de suppositions, ce qui engendre parfois plus encore de discutions, de réflexions.
Bon la Guadeloupe, c'est neuf distilleries, dont Reimonenq, Severin, Montebello, Bologne, Longueteau et enfin Damoiseau.
A mon sens ce Guadeloupe provient de cette dernière, car j'ai tout simplement l'impression que nous ne sommes pas sur un agricole, ce qui réduit radicalement les possibilités.
Ensuite Bellevue/Damoiseau est tout de même la machine de guerre qui a réduit Saint James au rôle de second de la classe sur le plan du débit et que cette production possède une longue tradition de vente en vrac jusque dans les années '50.
Ce qui n'est plus forcément la priorité je le concède, puisque désormais près de 550.000 litres de rhum vieillissent dans les chais.
Toutefois, je ne suis pas un prophète en la matière, j'ai alors plongé le nez dans quelques rhums dont un Severin, un Longueteau, du J.M. de l'île voisine etc... et je n'ai pas eu la sensation qu'ils parlaient la même langue que ce Berry Bros.
Sur le plan de la maturation, je dirais qu'il est plus que probable que ce rhum ai connu une maturation à la fois tropicale et continentale, voir totalement continentale au regard de la place dont dispose l'embouteilleur pour stocker ses précieux liquides.
Nez : Il possède de ces caractéristiques, que possédait également le Gwada de chez Ferroni, que j'ai testé il y a quelques semaines. Mélasse, café, moka profond. Il me fait également un peu songer à ce que fait St Lucie, frais, généreux. Ce nez est vraiment très beau, gras, avec une justesse dans la puissance. Le cola, la cannelle, gingembre, sucre demerara.
Bouche : Nous sommes toujours dans cette extrême précision au niveau de la puissance, elle maintient la maison debout, sans pour autant traumatiser les papilles. Du sucre de canne se détache, il porte avec lui un genre de sirop que je prenais gamin, je dirais une mélasse de sureau, de baies noires. Ensuite c'est l'arrivage de fruits exotiques, ananas, mangue, banane. Du bois, de petites vagues d'épices, poivre, muscade...
Finale : Caramel amer, sur du menthol, des choses proches de ce que j'ai déjà retrouvé sur des productions de Guyana. Très très bon ! De la mangue fraîche va venir dominer cette fin de bouche, accompagnée juste derrière d'une banane très mûre, ce qui développe selon moi également un genre de saveur de châtaigne. Je n'ai qu'un regret, ne pas l'avoir testé plus tôt !
A déguster tout en écoutant Esnard Boisdur.