29 Octobre 2016
L'histoire de Tomatin débute en 1897, lorsqu'un groupe d'hommes d'affaires, profitent de l'intérêt croissant porté au whisky, pour fonder la Tomatin Spey Distillery Company.
La création de l'entreprise connaîtra un faux départ, car dés 1906, elle fait faillite.
Il ne suffit donc pas de vouloir faire du whisky, encore faut-il que les astres s'alignent semble t-il.
Elle sera fermée durant les deux guerres, ce qui s'explique par l'impossibilité d'accéder aux céréales, utilisées ce qui est logique à d'autres fins, ou faims c'est un peu la même chose dans ce cas.
La distillerie va malgré tout connaitre dans son histoire moderne une croissance fascinante.
Entre 1956 et 1974, elle va passer de deux à 23 alambiques, situant sa capacité de production aux environs de 10 million de litres d'alcool pur par an.
Mais alors que la machine semble lancée, elle va être une des premières touchées par l'excès de whisky sur la marché et la chute de celui-ci, au début des années '80.
Tomatin n'atteindra jamais une production au regard de ses possibilités, elle sera mise en liquidation en 1986.
Ceci dit sa reprise par deux entreprises japonaises sera rapide, elles se nomment Takara Shozu et Okura & Co. qui par cette opportunité sont devenus d'un coup les propriétaires de la plus grosse distillerie d'Ecosse détenue par des japonais.
Ce groupe va dans la foulée acheter l'assembleur J.W. Hardie et son blend 'Antiquary'.
Aujourd'hui la distillerie ne tourne toujours pas à plein régime, car elle produit 4 million de litres, à peine la moitié de sa capacité maximum.
Alors qu'elle alimente toujours les blends, Tomatin décide tout de même d'un autre avenir pour son distillat et s'impose sur le secteur des single malt, avec un effort sur la sélection des fûts, de bourbon ou de sherry.
Produisant même la version tourbée Cù Bocan.
Le groupe propriétaire produit également un assemblage nommé 'Big T' dont je n'avais jamais entendu parler.
En 1998 Okura sera racheté et liquidé, faisant de Takara Shuzo Company le propriétaire exclusif de la marque.
A partir de 2004, une première version âgée de 14 ans va voir le jour et tracer une voie pour celles d'aujourd'hui.
Des 15 ans, 18 ans, une gamme étendue de millésimes, de single casks, une version embouteillée pour l'importateur belge Premium Spirits vient d'ailleurs d'arriver chez nos caviste.
Une série de quatre finitions intitulée 'Cuatro Series' est parue en 2014, Oloroso, Fino, Manzanilla et Pedro Ximénez bien entendu, toutes âgées de 12 ans.
Et enfin la version présentée aujourd'hui, limitée à 9000 bouteilles, Tomatin Decades.
Cette version célèbre les 50 ans de service du maître distillateur Douglas Campbell.
Elle rassemble un fût de chaque décennies passées par ce monsieur dans la distillerie depuis 1967.
Trois de sherry et deux plus jeunes de bourbon et de premier remplissage.
Les années sont 1967 / 1976 / 1984 / 1990 / 2005, vous trouverez facilement tous les détails, ainsi que les spécificités de chaque fût sur le site officiel, ci-dessous.
Nez : L'équilibre entre bourbon et sherry est semble t-il parfait, difficile d'attribuer à l'un ou l'autre l'avantage. Il est fruité, plutôt sur la banane cuite au beurre. Des épices s'immiscent dans le miel. La fusion est réussie. De la pêche. Avec comme postulat de départ que d'assembler cinq fûts avec de telles différences, aromatiques, ou d'âges n'est pas donné au premier venu... et bien le résultat est là, c'est bien foutu. Les plus durs en affaire diront peut-être qu'il est un peu consensuel. De mon point de vue, c'est au profit de l'élégance. Citron, mangue, toujours cette réponse d'un arôme puissant à un arôme plus neutre. Cela se termine sur des notes plus végétales et terreuses.
Bouche : Chocolat, vieux bois. Poivre. Toujours la présence de fruits comme la pomme caramel. Fruits secs. Un mélange de pêche, de cannelle qui progresse sous une texture laiteuse. C'est très agréable et le choix du taux d'alcool bien que discutable est favorable à l'harmonie des saveurs. Là encore la vanille côtoie parfaitement la sécheresse vineuse du sherry.
Finale : Le palais reste en alerte grâce aux épices, quelques fruits acides, du raisin frais.
Conclusion, c'est une belle réalisation, un travail maîtrisé, un exercice de style.
Pour l'avoir goûté je peux recommander la version cask strength de chez Tomatin, un bon rapport qualité prix sans aucun doute.